Saison 2
l'épisode:
Saison 2 - Épisode 5 – Marcelline en tournage
> 3 novembre 2017 - 5.13Enfant, comme métier, je voulais être comédienne, curé ou secrétaire de mon papa, mais quand je le lui avais annoncé, il était tombé, désespéré, demandant à ma mère où il avait fauté que je n’aie pas plus d’ambition. Après m’être faite renvoyer de tous les lycées de Besançon et de la région pour impertinence, ou pertinence, je ne sais plus, à 17 ans, j’ai exigé de prendre des cours de dactylographie. Heureusement pour mon père qui ne comprenait pas comment son éducation faite d’ouverture d’esprit et de curiosité avait pu m’amener à un choix aussi peu glorieux, dès que j’ai reçu le clavier de la machine à écrire sur lequel je devais m’entraîner, jour et nuit, j’ai pris peur et je me suis rabattue sur curé. Mais Dieu seul sait pourquoi, ce n’était pas compatible avec ma morphologie. Les carmélites m’ont alors tentée, un temps, je trouvais fascinant leur vœu de silence, mais comme me taire m’était impossible, il ne me restait plus que comédienne. Comédienne, je l’avais été l’année de ma 6ème, j’avais joué avec des grands déjà professionnels. Je les avais approchés un jour où ils répétaient dans un appartement du square Vauban. Quand ils m’ont vue arriver, – à 12 ans, je mesurais 1,43m, pesais 30 kilos et paraissais en avoir 8 -, ils ont pris peur et m’ont expliquée que je ne pouvais pas intégrer leur troupe. Sauf qu’ils n’avaient pas compris à quel point j’avais décidé d’intégrer leur troupe.
– Qu’est-ce que vous faites ? je leur ai demandé.
– Cet aprèm, on fait de l’impro, m’a répondu un barbu d’au moins 25 ans. Si ça t’amuse, tu peux t’exprimer avec nous.
Je me suis alors jetée à terre et j’ai hurlé et bavé ma haine de la famille. Ils m’ont trouvée formidable. Le lendemain, j’avais le rôle d’un roi dans la pièce de Ionesco qu’ils montaient pour le mois de juin. J’avais été très applaudie. Mais l’année d’après la troupe était dissoute et, de mon côté, j’étais envoyé en pension où j’ai joué à la révolution en écrivant, boum boum tralala, à la bombe sur les murs avec Frédérique qui fumait des Gitanes, pendant que je fumais les Disque Bleu sans filtre de mon père.
Et aujourd’hui, c’est pour Marcelline que j’ai été comédienne lorsqu’elle m’a dirigée dans le film qu’elle réalise afin de promouvoir son association…
Sylvie Bourgeois