Je fais souvent ce rêve : je rentre de Ramatuelle et je râle car j’ai oublié d’aller passer quelques jours dans un endroit, paraît-il, fantastique qui se situe derrière le Cap Camarat. Un lieu que je ne connais pas dans la vraie vie mais que j’aime dans mon rêve : des arbres gigantesques bordent la mer et protègent des curieux une maison sur la plage. Une maison qui m’attend dans une crique où je peux m’installer pour écrire et me baigner, la plage est minuscule et les galets sont tout doux d’avoir été roulés par les vagues. Un lieu propice où j’oublie d’aller. D’où ma déception qui me réveille à chaque fois. Mais cet hiver, au cours d’une promenade, je découvre le Domaine du Rayol. Choc. Mon rêve devient réalité. Tout est conforme. La plage, le bord de mer, les plantes, les arbres, les longues balades, la vieille bâtisse, la cabane au bord de l’eau. Tout est conforme sauf les visiteurs : 1,3 million depuis l’ouverture en 1989. 75 000 attendus en 2017. Ce Jardin des Méditerranées est devenue une référence où 25 salariés sont employés à l’année.
En 1910, un homme d’affaires, Alfred Théodore Courmes fait construire sa demeure sur un promontoire qui domine la baie du Figuier avant de s’installer quinze ans plus tard dans sa villa, Le Rayolet, située à l’extrémité de sa propriété.
En 1940, Madame Courmes revend leur domaine à Henri Potez, constructeur aéronautique, qui s’y installe durant la guerre. Devenue par la suite sa résidence secondaire, la propriété, fin 70, faute d’entretien, se retrouve à l’abandon et devient la cible de plusieurs projets immobiliers. Elle sera sauvée du bêton par le Conservatoire du littoral qui l’achète en 1989. Une association censée la gérer est aussitôt créée et le paysagiste Gilles Clément est appelé pour mettre en scène la flore et traduire en plusieurs jardins des ambiances végétales issues des contrées méditerranéennes du monde entier : bassin méditerranéen, sud-est californien, Chili central, région du Cap en Afrique du Sud et Australie méridionale. Ainsi qu’un sentier sous-marin, et tous les deux ans, d’autres pays sont invités.
Les projets du Domaine du Rayol sont nombreux, notamment augmenter la transmission avec les écoles pourtant déjà nombreuses à le visiter, finir les travaux du Rayolet, et recevoir à l’année un scientifique afin que celui-ci puisse faire ses recherches et publier ses thèses ainsi le Rayol deviendra une référence en la matière.
Sylvie Bourgeois