X

Pampelonne ou comment jongler entre tourisme intensif et végétation à protéger ?

L'écrivain Sylvie Bourgeois Harel au Club 55 sur la plage de Pampelonne à Ramatuelle

Lorsque j’ai co-écrit avec mon mari, Philippe Harel, le scénario du film Les randonneurs à Saint-Tropez qu’il a réalisé en 2007, dix ans après le succès phénoménal du premier opus Les randonneurs qu’il a tourné en Corse, j’avais envie de faire rire en montrant le melting pot que Saint-Tropez attire chaque été et l’excitation que provoque ce mélange des genres, riches et pauvres, jeunes et vieux, de toutes nationalités, dont le seul but est de faire la fête à outrance, comme si le nom de Saint-Tropez était une porte ouverte à tous les possibles et à tous les excès. Nous avons donc filmé les soirées, les boîtes de nuit, les villas hors de prix, les embouteillages, les plages bondées, les yachts, recréé à l’identique le Club 55. Bref, tous les ingrédients y étaient pour montrer cette ambiance frénétique qui fait tourner la tête des locaux et des touristes, obligés d’être soumis aux lois de l’argent, du sexe, du paraître et de l’artificiel qui règnent en maître durant les mois de juillet et d’août. 

Loin de cette hystérie estivale, répétitive et compétitive, seule la nature m’intéresse. Lors de mes longues promenades, je me régale à l’observer. Comme disait Vincent Van Gogh : « Si vous aimez vraiment la nature, vous trouverez la beauté partout. » La nature me console de tous mes chagrins, soignent toutes mes douleurs, elle me fait grandir, m’apaise, m’inspire, me rend humble. Je la vis au quotidien, je passe des heures à regarder les abeilles ou un lever de soleil, à dessiner une fleur, à plonger mon corps dans la mer. Puis je rentre chez moi, comblée, et j’écris. Pour lui rendre hommage, en complément de ma chaîne YouTube Marcelline l’aubergine, je viens de créer sur Facebook un groupe Plage de Pampelonne – Ramatuelle, qui fonctionne déjà à merveille, dans lequel chaque soir, je raconte, au travers de mes photos et textes, la vie de la faune et de la flore de ma chère plage, le sable, l’herbier de posidonie, les méduses, notamment l’équorée qui a réapparu début mai après vingt ans d’absence, les collemboles, les corneilles noires, la laisse de mer, un habitat de choix pour les insectes dont se nourrissent les oiseaux qui viennent y pondre, mais aussi la qualité de l’eau et les tempêtes.

C’est donc tout naturellement que j’ai demandé à Marcelline d’interviewer mon ami Guy Martin, docteur en géographie et chef de cabinet du maire de Ramatuelle, Roland Bruno, que j’avais rencontré en septembre 2015 lors d’un dîner avec Paul Watson venu faire une conférence au château de La Mole où je séjournais invitée par son récent propriétaire Patrice de Colmont, de nous expliquer leur sage décision de planter sur la plage de Pampelonne une trentaine d’espèces végétales dont certaines sont en voie de disparition, et comment les ganivelles, ces légères barrières en bois de châtaigniers qui se grisent joliment en vieillissant, leur conférant rapidement une touche d’authenticité d’avoir toujours été là, les protègent et surtout aident à créer ou à recréer un cordon dunaire essentiel pour la préservation de la biodiversité et l’écosystème des 4,5 kilomètres de sable classés Espace Naturel Remarquable.

Sylvie Bourgeois

Article similaire