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Marcelline et l’acte VIII des Gilets jaunes

Ce samedi 5 janvier 2019, lors de la manifestation de l’acte VIII des Gilets jaunes, Marcelline a rejoint avec Sylvie, à Saint-Germain-des-Près, ses amis agriculteurs bretons qui cultivent en bio certifiés Écocert, rencontrés cet été sur la plage du Club 55 à Ramatuelle, et avec lesquels elle avait partagé les mêmes inquiétudes que Pierre Rabhi au sujet de la préservation des semences anciennes et reproductibles, lorsqu’elle leur avait montré son potager agroécologique, au château de La Mole.

Le CETA

Parmi leurs principales inquiétudes : Le CETA, (AECG) Comprehensive Economic and Trade Agreement, est un traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada entré en vigueur le 21 septembre 2017. 

Ce nouvel accord économique et commercial ouvre, par exemple, la porte à : 

  • Des produits alimentaires vendus dans les rayons des supermarchés contenant des céréales canadiennes cultivées avec de l’atrazine alors que cet herbicide jugé toxique a été interdit en Europe. En effet, au Canada pas moins de quarante-deux pesticides interdits chez nous sont autorisés. D’autre part, ces produits qui ne sont pas taxés (le but de cet accord commercial est de supprimer les taxes) seront donc moins chers que les produits français et européens.
  • Le colza OGM dont l’étiquetage est obligatoire en Europe, mais pas au Canada, pourra être vendu sans mention le signalant.
  • Le saumon transgénique (au Canada, il grandit deux fois plus vite) qui est interdit en Europe, mais avec le CETA, il n’y a aucun contrôle pour le repérer.

La Fondation pour la nature et l’homme a demandé de suspendre cet accord qui, selon elle, risque de transformer nos frontières en passoire à produits toxiques.

La Loi EGalim

La Loi du 30 octobre 2018, appelée aussi Loi Alimentation, Loi EGalim, Loi alimentation de 2018, Loi agriculture et alimentation, est une loi issue des États généraux de l’alimentation lancés en 2017, réunissant consommateurs et industriels de l’agroalimentaire. 

Cette loi qui était destinée à produire une alimentation plus saine, les agriculteurs en agriculture biologique n’y croient plus, d’autant que des négociations commerciales avec la grande distribution internationale ont commencé à l’automne (le géant américain Cotsco qui a ouvert un premier gigantesque entrepôt-vente dans l’Essone à Villebon-sur-Yvette serait en pourparler pour être présent à Rungis). 

Au moment du vote de la Loi EGalim le 15 septembre 2018, 45 députés sur 532 étaient présents dans l’hémicycle, la veille lors de l’examen des articles sur les pesticides, ils étaient 44, parmi eux des passionnés et des défenseurs de l’écologie. Mais les sénateurs mécontents des modifications apportées en deuxième lecture par l’Assemblée nationale ont rejeté, sans discussion préalable, par 276 voix sur 325 le projet de loi revenu en deuxième lecture devant le sénat, et ont supprimé 23 articles dont l’article 78 qui légalisait la libre distribution des variétés de semences non inscrites au catalogue européen à des utilisateurs finaux non professionnels. 

Lorsque la Loi EGalim est revenue à l’Assemblée nationale, elle a, cette fois, été votée par l’Assemblée nationale par 227 voix sur 363 votants. Puis promulguée.

Kokopelli

Ananda Guillet, nouveau président depuis 2018 de l’association fondée par ses parents Dominique et Sofy Guillet avec Jocelyn Moulin en 1999, a donc décidé de continuer leur activité dans l’illégalité, ce qu’ils font depuis 20 ans.« L’agriculture est née il y a 45 000 ans alors que l’agro-industrie, telle que nous la connaissons, date de la Seconde Guerre Mondiale », explique- t-il dans la Dépêche. « Ce qui est illégal aujourd’hui existe en fait depuis des dizaines de milliers d’années. Les agriculteurs ont toujours échangé et reproduit leurs semences. C’est une industrie récente qui a décidé de changer ces règles fondées sur la gratuité et la libre distribution. »

Leur programme Semences sans frontières envoie chaque année entre 300 et 400 colis de semences libres et reproductibles à des communautés qui n’y ont pas accès, principalement en Asie et en Afrique, afin de les aider à retrouver une autonomie semencière et alimentaire.

https://kokopelli-semences.fr/fr/

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