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C’est l’histoire d’un petit garçon non désiré

L'écrivain Sylvie Bourgeois signe de son autre nom Cécile Harel

C’est l’histoire d’un petit garçon non désiré. L’histoire se passe dans les années 50. Aujourd’hui, beaucoup d’enfants non désirés sont avortés, sauf quand les femmes ont décidé de piéger les hommes (en général, toujours des hommes fortunés, jamais des ouvriers qui ont déjà du mal à payer leur loyer) pour obtenir de l’argent (en pension et héritage), grâce à la présence de ces pauvres petits bouts de choux qui deviennent des objets de chantage et de culpabilité, mais chut… , on ne doit pas le dire, on ne doit pas en parler, c’est tabou… on ne doit jamais dire que certaines mamans sont malveillantes… Mais dans cette histoire des années 50, la maman n’est pas malveillante, elle est seulement très jolie et trop jeune.

 

C’est donc l’histoire d’un petit garçon non désiré dans les années 50 et d’un papa qui travaille dans le cinéma et qui aime les jeunes et jolies filles. Pas d’un papa star, mais d’un papa fasciné par les stars, fasciné au point d’oublier de s’occuper de son petit garçon non désiré qui dit : « ma grand-mère qui me fait office de papa et de maman m’a expliqué que dans le cinéma, l’amour n’existe pas et que les gens sont souvent obligés de faire des pieds et des mains pour avoir leur place sur la photo car c’est un métier qui les rend fous, à force de trop fréquenter des vedettes, ça les fait croire importants, d’ailleurs dès qu’ils ne sentent plus briller sur eux la lumière des célébrités, ils deviennent très tristes et déprimés. C’est pour ça que mon papa, il ne m’aime pas. Parce que je ne suis qu’un petit garçon de 8 ans, il ne trouve pas ça très marrant. Il préférerait certainement que je sois un grand artiste de music-hall surdoué pour mon jeune âge à savoir déjà jouer des claquettes, comme ça il serait fier de me promener partout dans les magasins où les gens me demanderaient des autographes. Mais comme ma vie, c’est plutôt de jouer avec mon cousin, ça l’ennuie. »

 

Et quand ces petits garçons grandissent, ils auront beau hériter des millions de leur papa piégé, leur douleur de ne pas avoir été aimés durant leurs jeunes années ne les quittera jamais, à force d’avoir tellement été en demande d’amour à ne voir leur père qu’occasionnellement, quelques heures par semaine ou par an, à ne pas avoir de chambre dans leur maison ou leur appartement, en quête de ce regard paternel qui leur a tant manqué, ils douteront toujours qu’on puisse les aimer.  

Sylvie Bourgeois

 

Le comédien Alain Guillo lit Henri, une des 34 nouvelles de mon recueil Brèves enfances, paru aux éditions Au Diable-Vauvert, chez Marion Mazauric.

https://youtu.be/SkhFvg_MhQs

 

 

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