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Au revoir maman, je t’aime maman ou Brèves enfances paru aux Éditions Au Diable Vauvert chez Marion Mazauric

L'écrivain Sylvie Bourgeois Harel au château de La Mole, auteur, entre autres, de Brèves enfances paru au Diable Vauvert, En attendant que les beaux jours reviennent aux éditions Les Escales, Sophie à Cannes, Sophie au Flore chez Flammarion

Il y a quelques années, j’ai écrit un livre sur l’amour que je portais à ma mère, c’était l’histoire d’une enfant qui rêvait de vivre seule avec sa maman et son chien. Son rêve se réalise quand elle a 33 ans, sa mère vient vivre chez elle, mais pour y mourir. J’ai totalement raté ce livre. Je ne l’ai fait lire à aucun éditeur. Dans mon travail d’écrivain, il y a la phase d’écriture dans laquelle je suis dans un état proche de la transe ou de la méditation, puis la phase de relecture de ce que j’ai écrit. Ce sont deux étapes bien distinctes qui ne font pas appel à la même partie de mon cerveau. Ce livre s’appelait Au-revoir maman je t’aime maman, une phrase que je répétais au moins une dizaine de fois, le matin, quand je partais à l’école et que mes parents étaient encore au lit, au-revoir maman je t’aime maman, c’était un déchirement de la quitter, même pour quelques heures.

 

J’ai écrit ce livre au « je ». La première question que je me pose avant d’aborder un nouveau roman est : vais-je l’écrire au « je » ou à la 3ème personne ? Agota Kristof a écrit Le Grand cahier (un chef d’œuvre), l’histoire de deux jumeaux au « not »s, c’est, je crois, le seul livre écrit au « nous ». Le « je » ou la 3ème personne me donne ensuite la grammaire de mon livre, comme une note de musique donne le ton de la mélodie. J’ai raté ce livre, certainement trop d’émotions et de colères, j’ai longtemps souffert et je souffre peut-être encore aux frustrations et aux déceptions de ma mère qui disait souvent à la fin des repas quand mon père avait trop bu (pour combler je pense ses angoisses et ses peines), qu’elle avait hâte d’être dans le trou, mais ce livre raté m’a inspiré mon recueil de nouvelles, Brèves enfances, que j’ai écrit en un souffle juste après. En effet, la musique de mon enfance, mes ruptures de pensée, mes associations d’idées, ma logique parfois absurde, mon innocence bafouée, m’ont inspiré à écrire d’autres histoires d’enfants.

À la sortie de Brèves enfances, (paru aux Éditions Au Diable Vauvert sous la direction de l’éditrice Marion Mazauric qui aimait me répéter que mon recueil de nouvelles était le seul des livres qu’elle a édité que son mari a lu et apprécié) souvent dans les interviews, on me demandait si ces histoires étaient vraies, je répondais inlassablement, le problème n’est pas qu’elles soient vraies, mais qu’elles soient justes.

Sylvie Bourgeois

 

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